Monday 26 November 2012

gaza, 6 raisons pour une offensive selon beyrouth

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http://www.lorientlejour.com/category/Liban/article/789203/Les_resultats_de_l%27offensive_israelienne_a_Gaza_au_coeur_de_toutes_les_analyses.html

Liban 

Les résultats de l’offensive israélienne à Gaza au cœur de toutes les analyses


Scarlett HADDAD
24/11/2012

Éclairage
 
L’entrée en vigueur de la trêve à Gaza permet aux protagonistes de reprendre leur souffle et aux analystes de prendre du recul par rapport à cette confrontation sanglante, en dressant les bilans des pertes et des profits.
Au Liban, les divisions politiques internes se reflètent sur les approches et en gros, on peut dire que le 8 Mars considère que le Hamas, la résistance palestinienne et l’axe dit de la résistance en général ont remporté une victoire éclatante, alors que le 14 Mars préfère amplifier les acquis américains et égyptiens et ne parle pas d’une défaite israélienne.

Si le 14 Mars se réfère en général au bilan en vies humaines et en destructions pour affirmer qu’on ne peut pas parler d’une victoire palestinienne, le 8 Mars lui rappelle les objectifs déclarés et cachés de l’opération israélienne contre Gaza. Selon les sources du 8 Mars, le Premier ministre israélien aurait donc lancé son offensive pour cinq raisons : d’abord à cause des élections législatives qui devraient se tenir en janvier 2013. Netanyahu aurait voulu rétablir la fameuse équation de dissuasion qui permettait à Israël d’empêcher les Palestiniens de lancer leurs missiles par crainte des représailles. Deuxièmement, Netanyahu a voulu, à travers cette opération, tester le président américain fraîchement réélu et le placer dans une situation difficile face au Congrès qui, lui, est acquis au lobby juif. À ce sujet, il est bon de préciser que depuis le premier instant de l’offensive israélienne, le président américain s’est empressé de déclarer son appui total à Israël en mettant en avant son droit à se défendre. Mais en même temps, il a lancé une vaste opération diplomatique pour tenter de mettre un terme à l’escalade et empêcher Israël de se lancer dans une offensive terrestre. Obama a ainsi contacté les Français, les Britanniques, les Turcs et les Égyptiens pour leur demander d’intervenir. Troisièmement, le Premier ministre israélien a voulu tester les véritables intentions du nouveau président égyptien qu’il n’arrivait pas vraiment à cerner. D’un côté, Mohammad Morsi avait annoncé son attachement aux accords déjà conclus (Camp David) et en même temps, au Sinaï, la situation devenait de plus en plus instable et donc menaçante pour Israël. Quatrièmement, le Premier ministre israélien voulait tester le bouclier antimissile, installé en Israël et appelé le dôme d’acier. Enfin, il voulait aussi tester les capacités palestiniennes et les armes qui leur ont été remises par les Iraniens.

Des sources palestiniennes vont encore plus loin et affirment que l’offensive israélienne était aussi destinée à éliminer l’aile dure au sein du Hamas dont Ahmad al-Jaabari était l’une des principales figures pour faciliter le projet de l’intégration du Hamas dans un processus politique, dans la foulée de la prise du pouvoir dans le monde arabe par les organisations islamistes évoluant autour des Frères musulmans et agréées par les États-Unis et par certains États arabes. Ces mêmes sources affirment que le projet final israélien est de pacifier Gaza pour la transformer en une sorte de province égyptienne, alors que la Cisjordanie serait placée sous le contrôle de la Jordanie, liquidant ainsi la cause palestinienne. Ce n’est pas un hasard, estiment ces sources, si les protestations ont commencé dans le royaume hachémite, réclamant la chute du roi, alors que jusqu’à présent, celui-ci était épargné...

Les Israéliens ont donc lancé leurs avions dans le ciel de Gaza bombardant intensivement des cibles déjà choisies selon les banques de données de leurs services de renseignements. Ils ont réédité le scénario de 2006 au Liban, lorsqu’ils croyaient à travers les frappes aériennes intensives avoir détruit les principales rampes de lancement de missiles à Gaza notamment ceux de longue portée (Fajr 5) fournies par les Iraniens. En même temps, les Israéliens pensaient, à travers cette offensive et l’affaiblissement de l’aile dure du Hamas, pousser le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à renoncer à son projet de demander le 29 novembre à l’ONU l’acceptation de la Palestine comme État observateur. Cette démarche est très importante pour Israël puisqu’en devenant un État ayant le statut d’observateur, la Palestine obtient le statut d’État et peut désormais déposer une plainte contre Israël devant la Cour internationale de La Haye (qui reçoit des plaintes d’État à État).

Les analystes du 8 Mars poursuivent leur lecture de l’offensive israélienne en précisant que le premier résultat des frappes est que les missiles à longue portée ont continué à pleuvoir sur Israël, le domicile du chef d’état-major ayant été ainsi atteint, alors que le Premier ministre et le ministre de la Défense ont dû descendre dans les abris, ainsi que 3 millions d’Israéliens. Jusqu’à la dernière minute, avant l’entrée en vigueur du cessez-le feu, les missiles palestiniens ont continué à tomber sur Israël, pour montrer que l’arsenal de la résistance palestinienne n’a pas été sérieusement entamé et que le Hamas, le Jihad islamique et les autres organisations ne sont pas affaiblis.
Enfin, par la voix du Premier ministre de son gouvernement, Ismaïl Haniyé a remercié officiellement tous ceux qui ont aidé les Palestiniens, à leur tête l’Iran. Il sera donc désormais plus difficile de détruire l’aile dure du mouvement qui a montré son efficacité sur le terrain, malgré l’assassinat de son chef Ahmad al-Jaabari. Si donc, pour les Israéliens, le rôle de l’Égypte comme parrain de Gaza s’est confirmé, celui de l’Iran l’a été aussi et l’opération de récupération des organisations palestiniennes par les Arabes dits modérés et la Turquie est devenue plus difficile, alors que les différentes composantes palestiniennes n’ont jamais paru aussi unies. Le moins qu’on puisse donc dire à ce stade, est que le bilan de l’offensive israélienne est mitigé. Mais il est sans doute encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions. Il faudra sans doute attendre l’issue des élections israéliennes le 23 janvier prochain pour émettre un jugement.

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